Un an de COVID : réflexions sur le monde (numérique) d’après

Ensemble faisons le bilan de l'étrange année qui vient de s'écouler pour en tirer les leçons en matière de numérique, de souveraineté et de travail à distance.

Le 16 mars 2020 à 20h, le président Emmanuel Macron prenait la parole pour une allocution historique, ponctuée de 6 « nous sommes en guerre », et instaurant le premier confinement généralisé de la population pour lutter contre l’épidémie de SARS-COV-2.

Rapidement les entreprises qui le pouvaient ont dû s’adapter en instaurant massivement le télétravail qui était jusque-là encore très minoritaire en France. Cette précipitation a conduit à faire des choix parfois discutables en matière d’équipement numérique. Un an après, l’épidémie n’est malheureusement pas terminée mais nous avons un peu plus de recul sur l’organisation du travail en temps de crise.

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La souveraineté numérique au second plan

Premier constat, la souveraineté numérique n’est pas une véritable préoccupation quand « nous sommes en guerre ». Nous avons déjà rédigé un article complet sur ce sujet précis que nous vous invitons à retrouver ici. Le fait est que la souveraineté numérique est la grande perdante de 2020.

En janvier dernier le Monde titrait « La souveraineté imprègne tout le débat politique ».

Tout ? Non. Un petit village résiste encore et toujours à l’envahisseur : la souveraineté numérique, qui ne mérite même pas une ligne. Pourtant rien ne semble avoir de prise sur les monstres de la « tech » mondiale (GAFAM et autres), pas même la catastrophe sanitaire et économique que nous vivons. Au contraire, elle leur a rendu service. Ce ne sont pas de petits soucis de sécurité et de fuites de données qui vont empêcher les entreprises européennes de se faire des « Zoom ».

Face à l’implacable réalité de la COVID, nous avons collectivement réalisé l’importance de la souveraineté française (et même européenne) pour les productions de vaccins, de masques et de certaines denrées alimentaires. Mais côté numérique, on continue de se convaincre que tout va très bien madame la marquise. En tout cas, ce n’est pas encore assez grave pour s’en préoccuper. La souveraineté numérique deviendra importante le jour où on y sera contraint probablement par une prochaine crise. 

Pire, certains ont profité de l’ « état d’urgence » pour se ruer ou migrer chez les Gafam (notamment des collectivités) à l’opposé du discours et de l’intérêt affiché de local et souveraineté.

Il y a toutefois quelques raisons de se réjouir comme le rapport sur « la politique publique de la donnée, des algorithmes et des codes sources » remis par le député Eric Bothorel au premier ministre le 23 décembre dernier. Ce rapport, soutenu par le Conseil National du Logiciel Libre (CNLL), émet 37 recommandations concrètes « réalisables sous un an », dont celle de développer une vision stratégique long terme pour l’Open Source dans l’administration en France et d’apporter à cette vision le soutien opérationnel nécessaire à sa mise en œuvre.

C’est une bonne première approche qui doit être complétée par la prise en compte du développement et de l’aide à l’écosystème français. En premier lieu, pour donner corps aux discours, il conviendrait d’acheter des solutions libres souveraines.

Affaire à suivre.

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Emails et incivilités numériques

Vous êtes pressés.

Entre deux coups de fils vous répondez rapido à une question posée par un membre de votre équipe par un laconique « Ok cette fois ». Vous pensez faire passer l’idée que c’est bon pour vous à l’instant T, même si vous n’avez pas trop eu le temps de regarder. Mais votre N-1 qui reçoit vos 3 mots sans enrobage se dit « il me met en garde, je n’ai pas intérêt à recommencer ».

Le souci avec les emails et le télétravail en général, c’est qu’ils déportent une grande part des échanges entre individus sur de l’écrit, ce qui de fait, élimine tout le non verbal pour ne laisser que les mots bruts, noir sur blanc.

Même si les outils de visio ont eu le vent en poupe pendant les confinements successifs, c’est bien toujours l’email qui domine de très loin le palmarès des outils de communication en entreprise. Selon les projections de Radicati il s’en serait échangé 306.4 milliards par jour dans le monde en 2020 (projection établie avant la pandémie).

Le problème d’incivilité qu’ils soulèvent est bien réel. Selon le rapport « Le numérique : nouvelles sources d’incivilités au travail » commandité par le programme de recherche Civilinum de l’Université Bordeaux Montaigne (laboratoire MICA) : « Le degré d’incivilité perçu dépend de l’individu et du contexte de réception. La perception de l’incivilité est alors étroitement liée au seuil de tolérance et aux cadres de références des individus (des mails en majuscule gêneront certains collaborateurs mais pas d’autres), au contexte organisationnel (niveau de tolérance de l’organisation, situation d’urgence), au lieu et au moment de réception (un même mail, lu à une semaine d’intervalle, peut être interprété différemment), mais également au type d’interface employée (un même message pourra être interprété différemment s’il est envoyé par mail ou par sms, lu sur un ordinateur ou sur un smartphone…). »

On pourrait ajouter à cela la liste des destinataires : mettre le chef en copie d’une discussion n’est pas anodin…

Les incivilités numériques exacerbées par le télétravail massif font partie des risques psychosociaux qui pèsent parfois lourd sur les collaborateurs. La montée de ces risques est devenue le deuxième motif d’arrêts maladie en mai 2020, après la Covid selon le baromètre annuel d’absentéisme maladie de Malakoff Humanis.

Soyez vigilants dans l’envoi d’emails et dans vos interactions écrites en général en temps de télétravail. Par ailleurs sachez qu’il existe un numéro vert pour l’écoute, le soutien et le conseil aux télétravailleurs.

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Télétravail et surveillance

« Télétravaillez, vous êtes fliqués » titrait Libération en juin 2020 (comme d’autres médias de tous bords comme Capital, la RTBF, Challenges, le Figaro), relayant plusieurs témoignages saisissants de télétravailleurs chronométrés, surveillés, surchargés par leur hiérarchie pour s’assurer qu’ils ne soient pas affalés sur leur canapé devant une série.

Dans l’article de libé, Marc-Eric Bobillier-Chaumon, professeur de psychologie du travail au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) décrit une situation de forte pression sur les collaborateurs : « des activités informelles sont rendues formelles [..] dès lors, c’est la quantité de travail et plus sa qualité qui est évaluée. » Le télétravail génère selon lui une « pression à la disponibilité » avec ce qu’il appelle « une surveillance panoptique ». « Cela survient par exemple lorsqu’on utilise des espaces numériques partagés, où chacun peut regarder ce qui est fait. On a le sentiment d’être surveillé constamment […] ».

Être actif sur le chat ou connecté à Teams peut être vu comme de la validation de présence.

La législation européenne est plutôt protectrice de la vie privée et du droit à la déconnexion mais les entreprises, elles, balbutient encore pour trouver leur équilibre. Si cette surveillance devient pesante et a des conséquences néfastes sur la santé des salariés, il s’agit plutôt d’une dérive managériale que d’un outil d’organisation du travail.

On peut supposer que ce dysfonctionnement managérial est exacerbé par le télétravail, mais n’est pas nécessairement créé par lui. Un manager contrôlant à distance l’était probablement déjà en présentiel. Cette crise aura donc peut-être le mérite de rebattre les cartes du management orienté contrôle, comme le relève le magazine Slate : «  [Le recours accru au télétravail] incite fortement les organisations à développer une nouvelle proposition sur la relation managers-salariés, en s’assurant du travail réalisé, sans tomber dans les dérives de l’hypersurveillance, avec la préservation de la frontière entre vie privée et vie professionnelle. Les organisations ont tout intérêt à progressivement passer de la culture du contrôle à la culture de la confiance, et à s’axer moins sur le processus que sur le résultat. »

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L’Ecologie, du très bien et du un peu moins bien

Alors que des experts de l’OMS sont actuellement en Chine pour enquêter sur l’origine du virus, une conclusion semble déjà faire consensus : la crise climatique et les crises sanitaires sont intimement liés. « Les maladies infectieuses émergentes chez les espèces sauvages, les animaux domestiques, les plantes ou les populations humaines peuvent être ampli­fiées par des activités humaines telles que le défrichement et la fragmentation des habitats » expliquait prémonitoirement en 2019 la plateforme intergouvernementale pour la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).

Très clairement, la mise à l’arrêt forcée de l’économie mondiale a fait drastiquement baisser les émissions de CO2 sur l’année écoulée.

Selon l’INSEE, 1,5 million de métropolitains ont rejoint leur département de résidence à la mise en place du premier confinement. Paris intramuros notamment comptait 451 000 métropolitains de moins pendant ce confinement qu’en moyenne sur une semaine habituelle avant confinement.

Si la vie a rapidement repris « comme avant » juste après la première vague, la deuxième est rapidement venue rappeler à certains qu’ils peuvent tout à fait continuer à travailler depuis chez eux, et même pourquoi pas, depuis la campagne. On parle même désormais d’exode urbain, ou plus poétiquement pour d’autres, de retour à la terre (même si dans les faits, ce ne sont pas les champs et les granges qui sont plébiscités mais les villes moyennes).

On se déplace moins grâce au télétravail mais les activités numériques ont un poids, elles représentent 2% des émissions de GES (via data center et infrastructures réseau). Ce poids est encore assez invisible, dans l’angle mort des politiques publiques sur le climat, comme nous le rappelions dans cet article. La visio par exemple, dont l’usage a explosé en 2020, fait partie des activités numériques a fort impact.

L’email en lui-même n’est pas anodin non plus ! Cet article de Siècle Digital propose de miser sur les signatures mail des collaborateurs plutôt que sur les emailings de masse. Avec BlueMind c’est très facile puisque nous mettons à disposition un outil de gestion complet des signatures collaborateurs.

Par ailleurs il y a de nombreuses bonnes pratiques à adopter pour réduire l’impact de vos emails, comme de détacher vos pièces jointes volumineuses, faire régulièrement le ménage dans votre boite de réception, limiter l’envoi d’images… nous détaillons plusieurs de ces bonnes pratiques ici et ici.

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Pour finir

Il y a un an à peine les premières mesures nous paraissaient irréelles et forcément brèves : le monde d’après c’était le mois suivant. Il faut bien se rendre à l’évidence, « COVID is the new normal ». Alors autant s’y adapter intelligemment.

Les crises successives des masques et des vaccins nous ont appris ce qu’il en coûte de laisser s’effriter notre souveraineté. Agissons maintenant en faisant des choix éclairés avec une véritable vision long terme.

Soignons nos interactions en ligne dont la proportion ne fait qu’augmenter, notamment au travers des emails. Veillons à la santé physique et psychique de nos collaborateurs.

Soyons conscients de nos choix et de leurs impacts. Cette réunion visio est-elle indispensable ? Cette pièce jointe très lourde ne devrait-elle pas plutôt être hébergée en un seul exemplaire sur un drive ? Cette signature email animée ne pèse-t-elle pas trop lourd pour pas grand-chose ?

L’équipe BlueMind se tient à vos côtés pour accompagner vos projets de messagerie et vous faire partager son expérience, n’hésitez pas à nous contacter.

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Image de Leslie Saladin

Leslie Saladin

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