Open Source Monitor France: les résultats de l’étude 2023

Open Source Monitor est une étude de référence sur l’usage de l’open source en France. Cette année elle révèle des pistes de réflexion importantes.
Open Source Monitor 2023

En 2022, le marché de l’open source en France a atteint un chiffre d’affaires de 6 milliards d’euros, représentant ainsi 11% du marché numérique global. Cette part de marché a été multipliée par 40 en moins de 20 ans. Forts de ces constats, le Conseil National du Logiciel Libre, Numeum et Systematic Paris Region ont mandaté le cabinet Markess by Exaegis pour mener, dans le cadre de leur étude régulière (tous les 2 ans) sur l’open source, une étude de référence sur l’usage de l’open source au sein des organisations en France.

Cette année BlueMind a choisi de sponsoriser ce travail afin de contribuer à obtenir des données de qualité sur notre secteur et notre écosystème. Les résultats viennent conforter et quantifier nos impressions sur le terrain même si nous avons des réserves à y apporter. L’étude a en effet révélé des pistes de réflexion importantes que nous dévoilons dans cet article.

Les résultats ont été rendus publics à l’occasion du salon OSXP 2023 les 6 et 7 décembre derniers. Nous vous proposons de faire le tour des enseignements majeurs de cette grande étude du secteur.

Pour lire l’étude en entier, rendez-vous ici.

L’étude Open Source Monitor 2023 servait deux objectifs principaux :

  • élargir le panel habituel en passant de 150 à 600 organisations utilisatrices interrogées, de toutes tailles et de tous secteurs d’activité, privées et publiques, permettant donc de sortir du cadre des supporters de l’open source.
  • se positionner dans un cadre européen, en permettant de comparer précisément la situation du logiciel libre en France et en Allemagne, puisque cette étude reprend la méthodologie de l’Open Source Monitor menée en 2019, 2021 et 2023 par le Bitkom, principale association professionnelle du numérique et des télécoms outre-Rhin.
Cérémonie de restitution de résultats de l’étude Open Source Monitor 2023 à OSXP

L’étude s’appuie sur une enquête menée au cours des deuxième et troisième trimestres 2023 auprès de 608 organisations de plus de 20 employés dont 507 entreprises et 101 administrations.  Il est important de noter que le questionnaire était contraint pour coller à celui des études menées par Bitkom, à des fins de comparaisons.

Elle visait à répondre aux questions suivantes :

  • Quelle est l’utilisation de l’open source en France
  • Comment s’effectue sa mise en œuvre
  • Quels en sont les moteurs et les freins
  • Sous quelle forme les organisations participent elles à l’open source
  • Quelles en sont les pratiques de gouvernance
  • Quel est l’apport aux enjeux de souveraineté, de transition énergétique et d’éthique

Voici les principaux enseignements de cette étude, dont les résultats ont été présentés en séance plénière à l’occasion d’OSXP 2023 :

Quelques résultats clé :
𝟐/𝟑 des organisations ouvertes, voire très ouvertes au logiciel libre
8 Entreprises sur 10 et 9 Organisations publiques sur 10
utilisent des technologies open source
9 Organisations sur 10 « Un atout majeur pour la souveraineté 
 numérique de la France et de l’Europe »
  • Dans l’ensemble, les entreprises françaises montrent une attitude positive envers l’open source. Près de 66% d’entre elles se déclarent ouvertes à l’utilisation de logiciels libres.
  • Plus de 80% des organisations utilisent déjà des solutions open source dans leurs opérations.
  • Bien que les entreprises soient plus utilisatrice que contributrices, elles sont fortement engagées dans le développement de l’open source, principalement par la participation de leurs employés ainsi que par leurs achats de services et de solutions.
  • Comme pour la plupart des solutions numériques, l’adéquation aux besoins fonctionnels reste le critère essentiel pour les décideurs.
  • Moins de la moitié des entreprises ont alloué au moins un équivalent temps plein (ETP) à la gestion de l’open source.
  • 90% des entreprises considèrent l’open source comme un atout majeur pour la souveraineté numérique de la France et de l’Europe.
  • Près de 80% des entreprises estiment que les technologies open source contribuent de manière importante aux enjeux de transition énergétique et écologique. De plus, près des trois quarts affirment que l’open source apporte une contribution significative aux défis éthiques du numérique, tels que l’accessibilité, la diversité et le respect des droits humains.

Pour lire l’étude en entier, rendez-vous ici.

Lorsqu’on leur demande quel est le principal avantage de l’utilisation de technologies open source, les entreprises évoquent en premier lieu :

  • la bonne image de l’open source, en termes de réputation des solutions comme d’attractivité employeur,
  • la sécurité et la fiabilité permises par l’open source,
  • les économies réalisées par rapport aux coûts des logiciels propriétaires.

Les nombreux avantages liés à l’ouverture de l’open source sont identifiés mais sont moins cités comme le principal avantage. L’accès au code source est le moteur le plus reconnu devant la souveraineté numérique et l’adaptation facile aux besoins. Parmi les avantages liés à la coopération et à l’innovation, la meilleure compétitivité grâce à l’open source est le principal atout déclaré.

Du côté des freins, les entreprises citent tout d’abord :

  • les freins liés aux compétences, notamment le fort besoin de formation et le manque de spécialistes du domaine,
  • les enjeux liés à la sécurité et la fiabilité, dont la stabilité insuffisante, le manque de certifications et les aspects de sécurité.

Parmi les autres freins identifiés, on trouve également le coût du passage à l’open source, les enjeux d’offres tels que les carences des offres ou leur complexité, ainsi que les incertitudes sur les conditions juridiques et la pérennité des solutions, ou encore la réputation de l’open source.

Présentation visuelle des freins et moteurs à l'Open Source selon l'étude

Le fait que certaines caractéristiques soient citées à la fois comme atouts et comme freins (stabilité, sécurité, coûts) traduisent un problème de fond : traiter l’Open Source comme un tout sans distinguer les composants techniques des solutions pour les utilisateurs finaux. Que considère-t-on quand on pose des questions sur l’utilisation ?

  • Intégrer des outils et composants techniques Open Source dans son système ou son poduit ?
  • ou Utiliser une solution pour utilisateur final comme la messagerie BlueMind ?

Parmi les résultats qui illustrent la problématique :  50% des sociétés privées achètent des prestations ou solutions Open Source, contre uniquement 33 % dans le secteur public. L’intérêt d’une solution Open Source n’est pas que chacun puisse en faire ce qu’il veut et la bricoler à sa façon, c’est de répondre très finement à la problématique de l’utilisateur final, en assurant la transparence au niveau des traitements et du code.

Composants techniques, framework, base de données, middleware,.. sont utilisés et développés par et pour des techs. Ils répondent à une problématique technique précise et délimitée, ne sont pas une fin en soi mais servent à la construction d’un système ou solution plus global.

Ils sont le domaine du partage, de la mutualisation des technologies, là ou l’Open Source a pris son essor, accompagnant le développement d’internet.

Les solutions pour utilisateur final ciblent les usages et utilisateurs. Elles répondent à des besoins fonctionnels ou métier qui nécessitent de gros efforts de présentation, d’accompagnement, de simplification et vulgarisation, d’adaptation aux utilisateurs ainsi que de présence et offre compréhensible sur le marché.

Une solution est le fruit d’une vision et d’un positionnement qui déterminent les nombreux choix sur la façon de répondre aux besoins utilisateur. Cette vision est portée par un éditeur qui détermine l’ensemble : cible, segment de marché, niveau de prix, technicité, approche, présentation, options, packaging, cycle de vie, support associé… bref l’offre proposée.

Assimiler composants et solutions reviendrait à assimiler un magasin de bricolage (outils, planches, clous… pour les bricoleurs) à un vendeur de meubles finis (pour l’utilisateur final). Vouloir évaluer une solution à travers des critères adaptés aux outils, et inversement, est une erreur grossière.

Par exemple évaluer une solution utilisateur final selon le nombre de prestataires qui maitrisent ou dirigent son développement n’a aucun de sens. L’éditeur est toujours unique et spécialisé, c’est ce qui permet d’obtenir le résultat. L’écosystème autour de la solution est important.

L’étude Open Source Monitor France 2023 le démontre, les organisations sont sensibles à l’usage de l’Open Source, qui répond à leurs enjeux sociétaux et de souveraineté. Cependant on constate que les moyens ne sont pas toujours mis en face des besoins : très peu d’entre elles ont finalement intégré les compétences en interne pour déployer et maintenir ces solutions. Les organisations sont souvent plus utilisatrices que contributrices.

C’est tout à fait compréhensible puisqu’il peut être important d’internaliser/maitriser des solutions métiers spécifiques pour qu’elles correspondent au plus près aux besoins et évolutions de l’organisation, mais développer des solutions standards déjà existantes n’est que très rarement pertinent, c’est le métier des éditeurs.

Capture d'une question de l'étude "Parmi les affirmations suivantes, lesquelles s'appliquent à l'utilisation de l’open source/logiciel libre dans votre organisation ?"

Sur le terrain on constate que certaines entreprises et organismes publics ont fait le choix d’essayer de redévelopper en interne une solution libre pourtant déjà existante, en se passant de son éditeur, avec l’objectif d’avoir un maximum de contrôle et d’autonomie. Et donc de devenir implicitement éditeur, ce qui est 100 fois plus complexe et couteux que de sortir une 1ère version ! 

Sans surprise, cela ne fonctionne pas et les échecs s’accumulent autant que les promesses non tenues. Et on voit ensuite les projets avec pour objectif de revenir vers une solution ou la branche standard de la solution !

Pourquoi ? Parce que le métier d’éditeur de logiciel, fut-il Open Source, ne s’improvise pas et est grandement sous-estimé par ces organisations. Découvrez dans cet article ce métier encore mal (re)connu, à l’origine pourtant de 90% des logiciels libres.

Revoir l’interview de Pierre Baudracco (BlueMind / Hub Open Source Systematic / CNLL), Stefane Fermigier (Abilian / CNLL) et Jean-Charles Bordes (Smile / Numeum) pour l’emission Tech&Co sur BFM Business pour présenter les résultats de l’étude « OpenSource Monitor 2023 ».

Si les fondations, aident à l’organisation et la gouvernance de la mutualisation des outils ou briques, elles ne portent pas les solutions finales et ne remplacent pas les éditeurs. Les membres partagent certains outils, pas leurs produits !

Renault et Nissan peuvent s’associer pour construire un chassis commun. Leurs voitures, offres ou réseaux d’entretien leur seront toujours spécifiques et traduiront leur vision et positionnement de marque sur le marché automobile !

Le modèle pour développer une solution, y compris en Open Source, est le modèle éditeur. Il est temps pour tout le monde de le réaliser, il suffit de regarder le marché. Le rejet, par certains, de l’éditeur dans l’univers Open Source est contre-productif.

Il est « amusant » de constater que parmi ceux qui se plaignent de l’absence de solutions alternatives viables à Microsoft 365 en Open Source (ce qui n’est pas vrai, BlueMind en étant l’exemple au niveau messagerie), se trouvent ceux qui rejettent le modèle éditeur Open Source, le seul modèle qui permette de développer une telle solution !

L’expérience douloureuse vécue avec des éditeurs hégémoniques souvent américains, ne doit pas aboutir au rejet de l’éditeur ! Ce qui est en cause n’est pas le métier, nécessaire, mais l’absence d’équilibre dans les relations. Ce en quoi l’Open Source apporte un garde-fou.

Pour lire l’étude en entier, rendez-vous ici.

Que l’on s’intéresse aux priorités technologiques, économiques, ou environnementales, l’open source est devenu stratégique pour les entreprises et administrations de notre pays. Reste pour une part importante de ces organisations à mettre en place une véritable politique d’utilisation des logiciels libres à travers l’achat de solutions ou la participation aux projets open source. Cela implique aussi, pour les pouvoirs publics français et européens, de prendre pleinement en compte les spécificités de notre filière dans l’élaboration de leurs politiques numériques et industrielles.

Le manque de distinction entre les solutions open source pour les utilisateurs finaux et l’open source en tant que composants techniques pour techniciens est un axe fort d’amélioration pour de ce type d’étude pour comprendre et analyser plus finement les tendances et usages.

Pour lire l’étude en entier, rendez-vous ici.

Les partenaires de l'étude : CNLL, Numeum, Systematic Paris Région, Alliance Libre, BlueMind, Cigref, Dinum, Docaposte, Eclipse Fondation, OVHCloud, PLOSS RA, RedHat, Smile, SoLibre, TOSIT, Worteks, Markess
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Leslie Saladin

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